Le livre que je suis en train de lire est « Preserving Minds, Saving Lives » (Préserver les esprits, Sauver les vies), édité par « Alcor Life Extension Foundation », leader du domaine de la cryopréservation.

Dans cet article je partage avec vous mes notes de lecture.
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QU’EST-CE QUE LA CRYONIE ?

Le livre poursuit en examinant les raisons qui poussent les gens à ne pas accepter, voire à rejeter catégoriquement la perspective offerte par la cryogénisation (ou cryonie).

Malheureusement le domaine de la prolongation de la vie provoque fréquemment une réaction de désintérêt, de rejet pouvant aller jusqu’à une franche hostilité. Ce phénomène mérite un article à part entière; le livre quant à lui dresse une liste de raisons diverses parmi lesquelles:

« Le paradoxe du problème résolu »: au cours de la vie les individus sont confrontés au concept de la mort et resolvent nécessairement le problème en adoptant un ensemble de croyances, religieuses ou autres. Le « problème », étant intellectuellement « réglé », les gens ne veulent pas sortir de leur confort et envisager la perspective offerte par la cryonie, ce qui reviendrait à chambouler l’échafaudage psychologique bâti précédemment.

Le mouvement Future Is Great offre lui aussi un « paquet » psychologique permettant de se positionner face à la mort:

Future Is Great a en quelque sorte « résolu » sa quête spirituelle: nous reconnaissons vouloir vivre indéfiniment, mais plutôt que chercher à apaiser notre peur de la mort par des élaborations « spirituelles » irrationnelles, nous voulons résoudre LE problème une bonne fois pour toute et pour cela, nous avons choisi les solutions technologiques car ce moyen nous paraît avoir le meilleur potentiel de réaliser nos aspirations.

Un sens à la vie

Pour les sympathisants de Future Is Great, la résolution du problème de la mort passe par l’admission du caractère inacceptable de celle-ci, la reconnaissance de notre impuissance actuelle face à ce phénomène, et la projection de notre espoir dans les technologies qui permettront d’éviter cette mort. La cryonie pourrait être une solution temporaire que nous contemplons d’un oeil plutôt bienveillant, car si le pari des cryonistes est remporté, la cryonie est bien le seul moyen contemporain d’accéder au futur.

Une solution vraiment satisfaisante pour éviter la mort serait une compréhension suffisante de notre machinerie moléculaire et le développement d’un outillage assez subtil pour pouvoir la modifier et stopper, voire inverser le processus de vieillissement. Nous en sommes encore loin.

Un autre facteur de rejet de la cryonie soulevé par le livre est:

« L’absence de vérité cosmique »: la perspective de la cryonie comme solution à la mort n’offre pas les réponses métaphysiques et existentielles que certains emballages de croyances peuvent offrir,  telles les religions. D’où venons-nous, ou allons nous… vous connaissez toutes ces questions. L’absence de « culte » ou de « mouvement » autour de la cryonie pourrait être attribuée à cette absence de substance métaphysique.

Là encore Future Is Great se positionne sur la question:

Préserver notre vie par une méthode scientifique et technologique, nous passionne, nous anime et nourrit notre quête de spiritualité. Vivre à l’abri de l’usure biologique, est pour nous plus qu’un objectif, c’est aussi un « sens », peut-être l’ultime humanisme. Pouvoir vivre nous suffit. Œuvrer en ce sens est notre direction. Notre démarche est auto-suffisante, et ce même si notre réponse spirituelle ne s’inscrit pas dans un ordre cosmique divin transcendant apportant une réponse à toutes nos questions. NOUS choisissons de vouloir vivre. Peu importe si notre démarche immanente n’a d’autre sens que celui que NOUS lui donnons.

L’absence de contexte cosmique n’est pour nous point une faiblesse mais une force. Le sens que nous donnons à notre existence est introspectif, immanent. Nous reconnaissons notre incapacité à apporter les réponses aux questions fondamentales; plutôt que déplorer cette absence de boussole transcendante et vouloir combler une ignorance par une invention irrationnelle, nous nous concentrons sur ce qui finalement, donne le vrai sens de notre vie: vivre aussi longtemps que souhaité, entouré de ceux qui nous sont chers. Cette boussole empirique et palpable, bassement humaine, faute de mieux nous convient, nous suffit, et nourrit notre besoin de spiritualité.

Ce positionnement immanent n’a pas pour vocation de convenir à tous et d’ailleurs Future Is Great n’est pas un mouvement prosélyte acharné… plutôt que convertir, nous souhaitons éduquer et inspirer ceux qui sont les plus spontanément réceptifs à nos idées.

Une autre brique du rejet de l’extension de la vie par la cryonie est:

« La perte des êtres proches »: Le réveil post-cryonie dans le futur est imaginé de manière quasi systématique comme une expérience solitaire. Les gens imaginent se réveiller dans XXX ans, seuls, séparés de leurs proches. Ils n’imaginent jamais se faire cryogéniser avec parents, enfant et amis. Dès lors la solitude d’un réveil dans un futur lointain apparait comme une perspective « glaçante » de solitude. C’est compréhensible. Serait-il possible de redémarrer une vie de zéro, dans le nouveau monde du futur ? La question est intéressante et vous pouvez y répondre en commentaire de cet article.

Vous découvrirez d’autres points de résistances tout aussi pertinents en lisant le livre.

La conclusion du premier chapitre du Livre « Préserver les esprits, Sauver les vies » adopte le ton résigné de ceux qui se sont heurtés aux résistances intellectuelles du commun face aux perspectives d’extension radicale de vie.