Le livre que je suis en train de lire est « Preserving Minds, Saving Lives » (Préserver les esprits, Sauver les vies), édité par « Alcor Life Extension Foundation », leader du domaine de la cryopréservation.
Dans cet article je partage avec vous mes notes de lecture.
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Cryopréservation du corps entier ou de la tête (neuropréservation) ?
Le volontaire à la cryopréservation doit choisir entre conserver son corps entier ou sa tête uniquement.
Le profane en cryoconservation est sans doute étonné qu’une telle option puisse seulement exister ; le processus de cryonie est souvent imaginé comme l’immersion d’un corps entier dans une cuve de glace, or nous avons vu que le processus est bien plus complexe. Si la neuropréservation de la tête est une option disponible, c’est qu’elle présente certains avantages :
- Le cout
Eh oui, voilà un avantage jamais négligeable : il vous en coutera 80 000 $ pour une neuropréservation, et 200 000 $ pour une préservation du corps intégrale. Préserver un corps entier demande plus d’espace de stockage, et plus de ressources pour le maintien d’une température basse. - Une meilleure qualité de cryopréservation
Il est plus facile et rapide de cryopréserver une tête qu’un corps entier. - Une portabilité plus aisée
En cas d’urgence, comme une catastrophe naturelle ou une guerre, les têtes cryoconservées sont plus aisées à déplacer. - Encombrement inutile des corps
Les technologies futures seront si avancées, qu’il leur sera aisé de reconstituer un corps entier ; l’essentiel des informations utiles à structurer l’identité d’une personne résidant dans le cerveau.
La neuropréservation n’est pas le choix par défaut de tous les cryonistes ; le sujet fait débat et voici les arguments plus conservateurs en faveur de la préservation du corps entier :
- Le corps contient des informations
Le corps contient des informations qui ne sont pas nécessairement stockées dans le cerveau. La technologie actuelle n’est peut-être pas en mesure d’apprécier la plénitude du rôle du corps. - L’identité dépend également du corps
L’identité d’un individu est conditionnée par d’autres organes situés plus bas dans le corps. Le microbiote par exemple, peut influencer notre cerveau et nos humeurs. - Raisons purement esthétiques
La perspective de la cryoconservation est déjà difficile à faire accepter… y rajouter la décapitation induite par la neuropréservation ne rend certainement pas le procédé plus sexy ! La cryonie souffre déjà d’un déficit d’image positive ! - Plan B
Le patient ayant opté pour la conservation du corps entier aura investi une somme supérieure au neuropatient et pourra toujours être converti en neuropatient si l’entreprise de cryopréservation devait subir des impondérables financiers. Le neuropatient lui, n’a pas de roue de secours.
Personnellement, si j’optais pour la cryonie, considération financière mise à part, je n’hésiterai pas et choisirai la forme la plus conservative : la cryopréservation du corps entier !
Conclusion et résumé
Le livre Preserving Minds, Saving Lives édité par Alcor est un gros pavé de 560 pages. Sa lecture fut fluide, car il est découpé en nombreux chapitres correspondants à des articles publiés dans la revue Cryonics magazine au fil des ans. Jamais trop technique, il peut tout à fait être aprehendé par le profane en Cryonie.
C’est le premier livre depuis le lancement du site Future Is Great dont j’ai décidé de partager avec vous mes notes de lecture. Je n’ai pas été déçu. Nous avons touché à l’essence des concepts de mort et de vie et vu comment la cryonie entendait repousser les frontières. Si vous n’étiez pas familier avec les technologies d’extension de vie vous en connaissez maintenant une. Vous savez que quelque part sur cette terre, une minorité de gens œuvre au quotidien pour vous permettre un extraordinaire voyage vers le futur. Comme j’aurai l’occasion de le dire souvent sur ce site… c’est de la science-fiction… mais pour de vrai.
Voici les principaux concepts retenus de la lecture du livre Preserving Minds, Saving Lives :
- Mauvaise presse
La cryonie n’a pas bonne presse. Elle se heurte à une hostilité de la communauté scientifique qui la juge improuvable, et à une méconnaissance du public.
La sémantique incorrecte entourant la cryonie a contribué à en donner une image erronée et négative. - Definition de la mort (sémantique)
La mort d’un individu est l’arrêt irréversible de ses fonctions vitales, et la destruction des informations structurant son identité. La mort est un concept relatif, elle varie selon les époques et les avances technologiques : ce qui est considéré comme une mort aujourd’hui ne le sera probablement plus demain. - 3 cycles du processus de cryogénisation
- Transport/ Preparation: Cycle suivant immédiatement la « mort clinique » telle que définie aujourd’hui. La qualité de la cryoconservation du patient dépend de la rapidité à laquelle cette phase est amorcée.
- Preservation: Cycle pendant lequel le patient est plongé dans un état de biostase par abaissement de température et vitrification.
- Reanimation: Cycle futur au cours duquel le patient sera réanimé au moyen de technologies avancées.
- Résurrection/ Réanimation (sémantique)
La cryonie ne ressuscite pas les morts. Elle ne réalise aucun miracle. C’est une procédure médicale qui plonge le patient en état de biostase par abaissement de température, dans l’espoir qu’ils puissent être ranimés par des technologies à venir. Les patients seront donc réanimés, n’ayant jamais été définitivement morts. - Cryonie et religion
La cryonie ne confère pas l’immortalité… elle se contente de prolonger la vie. Elle ne se heurte pas aux conceptions religieuses, et sa réussite ne menace la validité d’aucune religion. - Dégâts du processus de cryoconservation
Le cycle de préservation actuel ne congèle pas les patients, il les vitrifie. La vitrification, couplée à des antigels, empêche la formation des cristaux de glaces délétères pouvant endommager les tissus vivants.
La vitrification n’est pas sans inconvénient, les deux principaux étant :
– La toxicité des antigels
– Les fractures des corps
Ces problèmes résolus, la crypreservation atteindrait un palier de viabilité significatif. - Nanotechnologie
Des dispositifs à échelle moléculaire sont envisagés pour réparer lors du futur cycle de réanimation tous les dégâts du processus complet de cryopréservation. - Couts
Le cout d’une cryopréservation par Alcor est de 80 k pour la tête, et 200 k pour le corps entier. La procédure est financée par une assurance vie. Les fonds une fois libérés à la mort du patient sont investis dans un trust géré par Alcor. Ce trust investi ces fonds pour générer le revenu qui assurera le financement de la préservation du patient pour les décennies, voire siècles à venir.
À la question de savoir si je compte moi-même me faire cryopréserver… la réponse est clairement oui, si j’en ai les moyens. Si la cryonie a la moindre chance de réussir, je la saisis !
Je considère n’avoir rien à perdre une fois « déanimé », la cryonie ne peut être qu’un immense bonus. J’aime la vie, et je rêve de parvenir à une époque où nous serons libérés des problèmes biologiques qui nous massacrent les uns après les autres ! Mes derniers mots avant la cryogénisation seront… « Je reviens dans quelques minutes », car le passage du temps est imperceptible en état de biostase.
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