Le livre que je suis en train de lire est « Preserving Minds, Saving Lives » (Préserver les esprits, Sauver les vies), édité par « Alcor Life Extension Foundation », leader du domaine de la cryopréservation.
Dans cet article je partage avec vous mes notes de lecture.
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Cryonie et religion
Le livre a déjà ponctuellement fait mention de religion et c’est désormais un chapitre spécifique qui est consacré à ce sujet.
J’ai moi-même abordé la religion à plusieurs reprises au cours de ces notes de lecture, et ce chapitre clarifie le rapport de la cryonie à la religion.
La religion étant intimement liée à la mort on pourrait légitimement penser qu’il puisse y avoir un antagonisme entre la cryonie et le religieux.
Quand la sémantique est correctement établie, on réalise que la vision cryoniste peut parfaitement coexister avec les conceptions religieuses. Le livre indique d’ailleurs que certains membres d’Alcor sont d’aspiration religieuse, même si la plupart sont athéistes ou agnostiques.
La cryonie ne ressuscite pas les morts
La cryonie ne compte pas accomplir de miracle. Elle ne prétend pas ramener les morts à la vie.
Et c’est là que la sémantique est importante : la mort a un caractère irréversible, définitif, que seul un miracle pourrait subvertir.
La cryonie intervient juste « avant » la mort irréversible, pour plonger le patient dans un état de suspension en attendant le développement de technologies suffisamment performantes pour « réanimer » (et non ressusciter) le patient.
Mais c’est selon les critères spéculatifs de la médecine de demain que le patient n’est pas considéré comme mort par les cryonistes, car selon la médecine contemporaine… le patient cryogénisé est bel et bien mort, et là réside tout l’enjeu du paradigme cryoniste !
Ainsi pour la cryonie il s’agit d’allonger la « durée de vie » du patient, elle ne prétend pas les ramener du néant, et elle ne prétend pas non plus conférer l’immortalité. La cryonie ne rend pas immortel, un individu pourrait toujours subir 1001 évènements mortels contre lesquels la cryonie ne pourrait rien : accidents graves, suicides, ou tout autre évènement suffisamment violent pour détruire de manière irrécupérable un individu.
Quand la sémantique est ainsi correctement définie, on réalise que les religions, la mort et même la notion d’âme peuvent tout à fait coexister et même s’adapter à la cryonie, comme elles l’ont toujours fait avec les avancées médicales historiques.
Comme le dit le livre, si la cryonie parvient à ses objectifs, elle n’invalidera aucune religion.
Le devoir de vivre
De tout temps, les humains ont tenté de préserver et rallonger la vie. La durée de vie dans les pays développés n’a cessé de s’allonger. Antibiotiques, chirurgies… nous avons développé toute une panoplie de soins destinés à sauvegarder la vie et cela n’a, semble-t-il, dérangé aucun Dieu.
On pourrait même argüer que si un religieux refusait un traitement médical pouvant le sauver, cela reviendrait à refuser la vie et pourrait être considéré comme un suicide. Le suicide est considéré comme un péché dans la plupart des religions.
Si un impératif de vie semble caractériser toutes les religions, alors la préservation de la vie offerte par la cryonie coïnciderait tout à fait avec cet impératif !
Ce n’est pas naturel !
Non effectivement, prolonger la vie n’est pas « naturel ». Et ce n’est pas la première fois que nous réalisons des choses « pas naturelles » et heureusement !
- Sauver un nourrisson d’une mort prématurée n’est pas naturel.
- Utiliser un antibiotique pour éviter de mourir d’une infection n’est pas naturel.
- Vacciner une population pour éviter des épidémies causant des millions de morts n’est pas naturel.
- Se laver n’est pas naturel, pas plus que couper ses cheveux.
- Cuire ses aliments n’est pas naturel.
Qu’est-ce qui serait naturel en fin de compte ? Vivre nu, sans se laver, dans une grotte, à la merci de la moindre bête sauvage ou microbe passant par là… Oui cela serait naturel, certes…
Finalement, n’est-il pas tout à fait naturel pour nous de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prolonger et améliorer notre vie ? C’est en tout cas ce que considère le mouvement Future Is Great et la raison d’être principale de ce site.
Acte de foi
Si la cryonie ne remplace pas la religion et peut tout à fait s’en accommoder, il me semble judicieux de pointer une similitude. La cryonie est aussi un acte de foi. La réanimation de la cryonie n’a pas pu être démontrée, et les cryonistes placent leur foi dans le développement de technologies futures suffisamment puissantes pour réparer un organisme cellule par cellule. En observant le perfectionnement des technologies au cours des deux derniers millénaires, ou même des cent dernières années seulement, on constate effectivement une sophistication exponentielle qui donne espoir. Il n’en demeure pas moins que la cryonie est un extraordinaire acte de foi.
Il ne fait aucun doute que les cryonistes sont des amoureux de la vie ; leur engagement à se faire cryogéniser en est la preuve ultime. En amour, seuls les actes comptent !
À la question « Pourquoi voulez-vous vivre indéfiniment ? », Stephen W. Bridge l’auteur du chapitre sur la religion répond :
« Parce que j’aime être vivant, sous cette forme et avec cette identité. Parce que la vie est une bonne chose et qu’elle est infiniment variée. Il y a beaucoup plus à apprendre et expérimenter et explorer dans cet univers (cette “création” si vous préférez) que nous ne le pouvons en plusieurs milliers d’années. »
Note : La sémantique utilisée dans cet article est correcte. La cryonie ne ressuscite pas les morts. Elle réanime les patients maintenus en état de suspension. Ce n’est pas nécessairement la sémantique utilisée dans mes autres articles sur le sujet et cela à l’instar des articles du livre qui s’étalent sur 40 ans et ne sont pas publiés chronologiquement.
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